Par Mamadou Mbodji Diouf, membre du Bureau Politique du Parti Socialiste
Le Parti Socialiste du Sénégal, après plus de quatre décennies de pouvoir et de construction nationale, se trouve aujourd’hui à un carrefour décisif. Après 24 ans d’une position marginale sur la scène politique, et 12 ans de co-gestion du pouvoir avec la coalition Benno Bokk Yaakaar, il est plus que jamais nécessaire de se poser la question fondamentale : où allons-nous et comment renouer avec notre identité ?
La perte du pouvoir est un choc, mais elle doit aussi être un levier de régénération. Aujourd’hui, nous devons nous reconstruire, revoir nos structures et redéfinir notre positionnement politique. Le temps où le Parti Socialiste pouvait se permettre de rester dans une posture d’attente est révolu. Il faut un réveil, un renouvellement des instances et une nouvelle dynamique pour réactiver l’engagement des militants, particulièrement auprès de la jeunesse qui, bien souvent, n’a même pas eu l’occasion de connaître la grandeur de notre parti.
Une Organisation en Crise : Repenser la Stratégie du Parti
Il est indéniable que nos structures actuelles ne fonctionnent plus comme elles devraient. Un doute s’installe : existent-elles même encore dans leur forme originelle ? Notre déclin institutionnel est une réalité, mais il ne s’agit pas d’une fatalité. La sclérose qui nous a frappés ne doit pas être un frein à l’action politique. Au contraire, il est impératif d’adopter une dynamique renouvelée, de repenser nos fonctionnements internes et de redonner vie à des espaces de débat, d’engagement et d’action.
Le PASTEF, un jeune mouvement politique, a su captiver l’attention d’une nouvelle génération, se forgeant une place importante dans le paysage politique sénégalais. Ce phénomène doit nous interpeller. Les partis traditionnels, s’ils ne prennent pas conscience de la nécessité d’une profonde mutation, risquent de disparaître dans les plis de l’histoire. Mais cela ne signifie en aucun cas qu’il faut renier nos aînés et leurs expériences accumulées au fil des décennies. Bien au contraire, les sages du Parti Socialiste doivent être considérés comme un atout précieux, leur savoir et leur expertise devant être utilisés pour guider la nouvelle génération tout en laissant de l’espace à l’émergence de jeunes leaders porteurs de vision et d’espoir.
Le Renouveau Passe par une Réorganisation en Profondeur
Le moment est donc venu de regarder en face la réalité de notre situation. Notre survie politique dépend d’une réorganisation en profondeur de notre parti. Le Parti Socialiste doit non seulement se réinventer, mais aussi retrouver sa place auprès des Sénégalais, notamment parmi les jeunes. Trop souvent, nos choix politiques et nos alliances ont conduit à notre invisibilité dans les yeux de cette nouvelle génération. Combien de jeunes, nés après 2000, connaissent encore notre programme, nos idées, ou ont même simplement vu notre logo sur un bulletin de vote ? La réponse est évidente : très peu.
Nous devons faire preuve de courage en menant une introspection collective. La mue que nous devons opérer ne peut être retardée davantage. En refusant ce processus de transformation, nous risquerions de perdre définitivement le contact avec nos bases, condamnant ainsi notre parti à une désertion progressive. Nous ne pouvons plus rester sourds à ce signal d’alarme. C’est dans cette crise que réside une opportunité de renaissance.
Conclusion : L’Avenir du Parti Socialiste entre Nos Mains
Le défi est immense, mais il n’est pas insurmontable. Il dépend de notre capacité à engager une réflexion courageuse et à mener une action audacieuse. Le Parti Socialiste a une histoire riche et une place légitime dans le développement politique du Sénégal. Mais pour revendiquer ce rôle, il doit se renouveler, réorganiser ses instances et offrir une vision claire et mobilisatrice aux générations futures.
La question n’est pas de savoir si nous allons changer, mais quand et comment. Et c’est aujourd’hui, à ce moment précis, que nous devons choisir de nous réinventer, en prenant exemple sur les générations qui nous ont précédés, tout en plaçant la jeunesse au cœur de notre stratégie.
L’avenir du Parti Socialiste ne dépend que de nous. Faisons de ce tournant un levier de transformation.
Mamadou Mbodji Diouf
MBA Paris Dauphine PSL
Membre du Bureau Politique du Parti Socialiste
