Affaire des médicaments saisis à la Patte d’Oie : Les éclairages pointus du Syndicat des pharmaciens privés du Sénégal.


L’affaire de la saisie de médicaments non autorisés à la vente au Sénégal a été déclenchée par le syndicat des pharmaciens du privé. C’est le président du Syndicat des pharmaciens privés du Sénégal qui aurait donc percé l’abcès. Dans cet entretien à bâtons rompus, le docteur Assane Diop a apporté des éclaircissements sur la vente, la distribution et l’approvisionnement de médicamen

Docteur, en tant que président du Syndicat des pharmaciens privés quelle appréciation faites vous de cette affaire de médicaments saisis qui défraie la chronique ces derniers jours ?

 

Sur cette affaire, je commence d’abord par préciser que c’est le Syndicat des pharmaciens privés qui a, un peu, fait le signalement. Donc, qui a constaté qu’il y a une structure qui est en train de vendre illégalement des médicaments. C’est comme ça que nous avons saisi la Direction de la pharmacie et du médicament (Dpm). Et nous avons, après, travaillé avec la Sûreté urbaine qui a suivi le processus d’enquête qui a abouti à la saisie de ce stock de médicaments et à l’interpellation de quelques personnes. Notre avis sur la question c’est quoi ? C’était la marque des médicaments et l’importation des médicaments. 

La disposition des médicaments est réglementée au Sénégal. C’est-à-dire que, une structure quelle que soit les dispositions dont elle dispose, si elle n’est pas un grossiste répartiteur ou si elle ne bénéficie pas d’une autorisation exceptionnelle d’importation de la part de la direction de la pharmacie et du médicament, ne peut pas faire entrer des médicaments au Sénégal. Et que toute structure qui le fait, le fait de manière tout à fait illégale. Et la vente de ces médicaments procède de la vente illicite et si ces mêmes médicaments, s’ils sont entrés dans le territoire sénégalais sans respecter certaines conditions, ils sont considérés comme de faux médicaments.

Maintenant, il faut faire la part des choses. On nous parle souvent, dans cette affaire, de dispositifs médicaux. Mais la règlementation est claire. Et c’est bien la différence entre un dispositif médical et un médicament. L’entreprise en question (Dahaico Sarl) dispose effectivement d’une autorisation pour importer, distribuer et vendre des dispositifs médicaux. Quand on parle de dispositifs médicaux, il s’agit de seringues, de fil de suture, de bandes, de masques et autres … 

Par contre quand un produit répond à la définition de médicaments, et doit avoir l’autorisation de mise sur le marché au Sénégal, cette structure n’a pas de droit de faire ce type de produits-là. Donc, l’entreprise ayant un agrément pour vendre des dispositifs médicaux ne pouvait et ne devait importer que des dispositifs médicaux. Et quand cette entreprise a pris la responsabilité, j’allais même dire, la liberté de distribuer des médicaments, il est sous le coup de l’illégalité. C’est ça vraiment qu’on peut dire sur ce dossier et qu’il est important quand même que la santé des populations soit sauve et que tout circuit parallèle de distribution et de vente de médicaments soit démantelé et les personnes incriminées soient sanctionnées s’il est établi que leur responsabilité est engagée.

Docteur, est-ce que vous pouvez nous dire comment font les pharmacies privées pour s’approvisionner ?

Voilà une très bonne question !

Les pharmacies privées s’approvisionnent exclusivement au niveau de quatre grossistes répartiteurs qui ont l’agrément pour ça. Au Sénégal, ces grossistes sont bien connus : c’est Laborex, Duopharm, Ubipharm et Sodipharm. Donc, ils n’ont pas le droit de s’approvisionner ailleurs. Maintenant, s’il y a nécessité de disposer de médicaments qui ne sont pas disponibles au niveau de ces grossistes le pharmacien qui veut les faire venir doit s’adresser à la Direction de la pharmacie et du médicament et disposer d’une autorisation exceptionnelle d’importation. Comme je dis, c’est exceptionnel ! Mais normalement les pharmacies ne s’approvisionnent que via ces quatre grossistes répartiteurs pour tout ce qui est médicament.

Les médicaments qui sont autorisés au Sénégal sont plus de 5.000 références. Maintenant, ce qu’il faut dire c’est pour qu’un médicament pour être commercialisé au Sénégal, doit avoir une autorisation de mise sur le marché, c’est-à-dire, qu’il doit être homologué et accepté par la Direction de la pharmacie et du médicament. Le laboratoire qui veut vendre son produit au Sénégal doit passer par cette direction, avoir une licence de distribution, de vente au Sénégal. Donc tout produit qui n’a pas cette autorisation de mise sur le marché, normalement, ne doit pas être commercialisé au Sénégal.

 

Est-ce qu’il est relevé, après l’éclatement de cette affaire, des pharmaciens qui s’approvisionnaient auprès de la société Dahaico Sarl ?

 

Normalement, non. Parce que, comme j’ai dit, une pharmacie ne doit pas s’approvisionner auprès de Dahaico ou d’autres sociétés pareilles pour s’approvisionner. Le pharmacien, pour s’approvisionner en médicament, doit s’adresser exclusivement aux quatre structures citées plus haut, sinon bénéficier d’une autorisation exceptionnelle à partir d’un laboratoire ou d’un autre distributeur privé national. Mais, les pharmaciens n’ont pas le droit et ne doivent en aucun cas s’approvisionner auprès de structures comme Dahaico.  

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